Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 février 2016 7 07 /02 /février /2016 08:54

Marguerite Yourcenar et Hadrien, l’histoire vraie d’une vie réinventée

Publié le 04/02/2016 - Mis à jour le 04/02/2016 à 09:24 - Maxime Pedrero - La Voix du Nord

La nouvelle exposition du Forum antique de Bavay dresse le portrait de deux vies qui se sont croisées sans jamais se connaître. Celles de l’empereur Hadrien et de Marguerite Yourcenar qui lui consacra un livre, Mémoires d’Hadrien. Deux destins qui se répondent dans un échos de plusieurs siècles.

Le laboratoire de la création. Dans cette exposition, deux vies s’entremêlent. Deux destins distants de près de vingt siècles et que l’on découvre dans un jeu de miroirs. Marguerite Yourcenar a écrit et romancé les mémoires de l’empereur romain. La vie d’Hadrien permet d’éclairer celle de la femme de lettres, passionnée d’antiquité. C’est par la première page de Mémoires d’Hadrien que l’on entre dans l’exposition. On se retrouve alors immergé dans le bureau de Marguerite Yourcenar, le laboratoire de la création. Des classeurs dans lesquels elle amassait tous les documents et photos liés à Hadrien, au manuscrit annoté du roman historique, on découvre l’immense travail de recherche effectué par l’auteur de ces mémoires. Près d’un quart de siècle d’étude minutieuse de la vie d’Hadrien pour mieux pouvoir la réinventer dans certains aspects. Une vision à la fois intime et historique du règne de l’empereur.

Le sens de l’histoire. Comme pouvait le faire Marguerite Yourcenar, c’est depuis ce bureau, chargé de documents historique que l’on remonte le temps pour explorer la vie d’Hadrien. Le deuxième volet de l’exposition fait découvrir au visiteur un homme soucieux de laisser sa marque dans l’Histoire. Fils adoptif de Trajan, Hadrien est un empereur bâtisseur qui s’attache tout au long de sa vie à sa postérité et à celle de ses proches. Mausolée, villa et statues figurent parmi les exemples de cette volonté de reconnaissance. On y découvre notamment l’histoire de Sabine, la femme d’Hadrien et nièce de Trajan. À sa mort, dans des circonstances inconnues, une rumeur accuse Hadrien de l’avoir empoisonnée. Des accusations auxquelles Marguerite Yourcenar fait répondre Hadrien sous sa plume : « Il va sans dire qu’un crime si superflu ne m’avait jamais tenté ». Le mélange de fiction et d’histoire est posé.

Souvenirs de voyage. Passées ces considérations historiques, c’est ensuite l’homme d’État que l’on découvre, au fil de ses voyages à travers l’Empire. Toujours en réponse à l’œuvre de Marguerite Yourcenar, le Forum antique de Bavay dresse le portrait d’un homme à la discipline militaire stricte qui a entre autres ordonné la construction d’un mur de 117 km de long au nord de la Bretagne romaine. Destiné à protéger l’Empire des attaques ennemies, l’édifice donna lieu à la production d’objets « souvenirs » dont un exemplaire est présenté lors de cette exposition. Une patère, sorte de coupe ornée d’inscriptions, probablement ramenée par un soldat, qui a été prêtée par le musée de Picardie, à Amiens.

L’empereur esthète. Explorant, dans les pas de Yourcenar, les multiples facettes d’Hadrien, c’est ensuite un « prince cultivé et curieux » que l’exposition nous fait découvrir. Grand chasseur, passionné par les sciences et homme de culture, l’empereur accorde une importance toute particulière à la lecture. Dans ses mémoires fictives Marguerite Yourcenar utilisera même cet amour des lettres comme pied de nez à l’incertitude historique sur son lieu de naissance, décidant que les livres représentaient la première patrie d’Hadrien. Une formule pas vraiment éloignée de la réalité, tant l’homme était attaché à la lecture et à l’écriture. « Il lisait surtout des rouleaux qu’il faisait suivre partout avec lui, détaille Christophe Hugo, membre du comité scientifique de l’exposition. Hadrien lisait beaucoup de rapports officiels, de correspondance et il écrivait lui-même ses discours et des poèmes. Il a été à l’origine de la construction de nombreuses bibliothèques à travers l’Empire. » Toujours dans un souci de mieux connaître celui à qui elle allait faire raconter ses mémoires, Marguerite Yourcenar a par ailleurs reconstitué la même bibliothèque qu’Hadrien. Connaître à son tour les œuvres lues par son personnage, pour avoir les mêmes références. Un long travail de documentation que l’exposition nous fait découvrir en partie.

Passion tragique. L’exposition se termine sur un pan de la vie d’Hadrien qui a beaucoup fait parler, un peu trop même de l’avis de Marguerite Yourcenar. L’histoire d’amour entre l’empereur et le jeune éphèbe Antinoüs. Un magnifique buste issu des réserves du Louvre détaille les traits fins de ce jeune homme, retrouvé noyé dans le Nil, à peine âgé de 20 ans. Une disparition dont Hadrien eu beaucoup de mal à se remettre. « Ce qui a le plus intrigué les historiens, ce n’est pas tellement cette histoire d’amour mais le fait qu’Hadrien porte le deuil, explique le co-commissaire de l’exposition, Achmy Halley. Il a commandé des statues, des bustes, des médailles à l’image d’Antinoüs, fondé une ville en son honneur, pour le faire passer à la postérité. » Si bien que le jeune amant est aujourd’hui un des personnages de l’antiquité dont il existe le plus de représentations.

Infos pratiques

Exposition « Marguerite Yourcenar et Hadrien, une réécriture de l’Antiquité », du 4 février au 30 août, au Forum antique de Bavay.

Entrée couplée avec l’accès à l’exposition permanente et au site archéologique. Une visite virtuelle du Forum est également comprise. Tarifs : plein, 5 € ; réduit, 3 € et gratuit pour les « moins de 18 ans ».

Renseignements au 03 59 73 15 50 et sur www.forumantique.lenord.fr

Partager cet article
Repost0

commentaires