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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 18:25

Dans le cadre de l'exposition actuelle du Musée, " Le blé, l'autre Or des Romains":

 

Mme Véronique Matterne, l'un des maîtres d'oeuvre de cette exposition nous parlera du blé au temps des Celtes puis des Romains.

 

Voici le titre de sa conférence :


"Les blés en Gaule du Nord avant et après l'invasion romaine et  l'évolution de son rôle dans l'alimentation"

 

 

 

Véronique Matterne est docteur en archéologie (Louvain la Neuve et Paris), spécialisée dans l’étude des fruits et graines (carpologie), avec pour orientations chronologiques les âges du Fer et la période romaine. Elle travaille essentiellement en France septentrionale et plus ponctuellement en Italie. Dans le cadre de ses activités, elle contribue à la publication et au rendu des résultats au grand public, en tant que membre des comités de rédaction et de lecture des revues Gallia et Revue Archéologique du Centre de la France (RACF). Elle enseigne également dans les masters recherche et professionnels en archéologie des universités de Paris 1, Lille 3 et Dijon. Elle a fait partie de l’équipe qui a mis en place l’exposition «  Le blé, l’autre Or des Romains » de Bavay et contribue actuellement à la préparation d’une exposition consacrée aux Gaulois à la Cité des Sciences et de l’industrie de la Villette.

Cette rencontre sera l’occasion d’exposer les méthodes de sa discipline et de débattre des résultats les plus significatifs en matière d’agriculture et d’approvisionnement au tournant de l’ère, en Gaule Belgique.

 


(Pour faire connaissance avec elle, vous pouvez vous rendre sur son site.)

 

 

Compte rendu de la conférence:

 

- La carpologie est une jeune science: elle a trente ans.

 

 

- Les blés.

Il faut parler des grains et des céréales et différencier les blés durs qui donnent les semoules, les pâtes et les bouillies, les pollenta, les gruaux et les galettes des blés tendres qui sont panifiables mais aussi les grains vêtus et les grains nus.

 

 

- Leurs noms en latin.

Il y a environ dans la famille des Poacés, 40 espèces de blés  référencés pour cette époque et 10 000 variétés dont :

Siligo : blé tendre

Far adoreum sans barbes : blé

Spelta: épeautre

Zea avec barbes

triticum monococcum :engr ain ou petit épeautre ou typhe

Triticum aestivum: grand épeautre

triticum dicoccum : amidonnier

triticum spelta : épeautre, difficile à nettoyer, bonne farine, épi fragile car pied cassant, ne se prête pas au grand commerce. On en voit une illustration dans le film « les moissonneurs de Trévire.

Triticum aestivum :Froment ou grand épeautre – compact et barbu

Triticum durum : blé dur

Blé poulard

 

Et puis l’orge, le seigle etc.

 

(A noter que de nos jours l’INRA comptabilise 11900 variétés de blé tendre et 2300 variétés de blé dur .)

 

- Grâce à la génétique,

il est plus facile de nos jours de classer ces variétés qui peuvent être diploïdes ( 2N = 14 gènes de type AA), tétraploïdes ( 2N = 28 gènes de type AABB) ou hexaploïdes comme le froment ( 2N = 42 gènes de type AABBDD), certains étant le résultat du croisement des autres. L’humain exerce une forte pression sélective : l’épeautre a été domestiqué une fois en Asie et une autre fois en Europe.

 

- Préférences gauloises et romaines.

Les Gaulois avaient une préférence pour les grains vêtus car ils le stockaient facilement. Les Romains au contraire s’intéressaient aux grains nus qu’ils faisaient circuler sur de longues distances.

 

( En 2010, les blés couvrent 20% des besoins nutritionnels en amidon et protéines grâce au gluten pour ces derniers. Ce sont les blés tendres qui l’emportent. On obtient la fleur de farine par deux passages à la meule. Le crible est réalisé en crins de chevaux. Elle sert à confectionner des pains blancs et des pains de fantaisie.)

 

- Avant le II siècle, les blés nourrissent les notables. Après le II° siècle, date de l’apparition du phénomène urbain, sa consommation se démocratise. Lors de la conquête de la Gaule, Jules César ne rencontre pas de problème d’approvisionnement en blés mais en fourrage. Les surplus dégagés sont considérables. Les armées romaines peuvent prendre leurs quartiers d’hiver chez leurs « amis ». La Sicile, l’Afrique du Nord et l’Egypte approvisionnent l’Italie alors que le rôle de la Gaule est mineur.

 

 

- Dans notre étude, il y a quatre époques

La Tène ancienne – 500 avant JC : habitat dispersé en fond de vallée

La Tène moyenne – 300 avant JC : conquête des plateaux grâce au fer

La Tène finale - 180 avant JC

La Gallo Romainprécoce – 50 avant JC

 

- Manières de semer.

Au début, on sème plusieurs grains par précaution : il y aura des survivants

Puis one ne sème plus qu’une seule espèce. Les performances s’améliorent et la millet – grain de rattrappage en cas de disette de blé – disparaît.

 

- La Picardie.

Suivent des tableaux de 52 sites archéologiques de Picardie qui ont permis 143 études carpologiques dont les résultats sont les suivantes pour les époques concernées:

Les céréales dominent et les légumineuses sont marginales

Les Gaulois cultivent essentiellement de l’amidonnier non panifiables et les Romains des blés nus tels que l’épeautre et de l’orge qui sont panifiables

Ce n’est du ni à la situation des sites, ni à la chronologie mais à la proximité ou non du réseau routier.

 

Ce que confirme de manière indirecte la propagation du rat noir, du charençon – un insecte non volant - , l’apparition du bétail romain beaucoup moins rustique que le bétail et l’apparition de nouvelles espèces d’arbres.

 

En conclusion .

En Picardie, il existe au début une homogénéité gauloise auquel succède ensuite un basculement romain. Ce qui nous amène a repenser le romanisation en terme d’acceptation ou de rejet. En Champagne, le blé nu arrive en ville et à la campagne reste l’orge avant et après la romanisation : l’approvisionnement des villes n’est donc pas local.

 

Conclusion de la conclusion

Malgré un thème ardu - vêtu, barbu et coriace - Véronique Matterne nous a tenu en haleine pendant quasiment deux heures - au-delà elle ratait son train de retour. Tant pis pour ceux qui ont préféré l'ombre fraiche des arbres à l'ombre climatisée du musée. Merci également à la directrice, Véronique Beirnaert-Mary, qui nous a accueilli avec beaucoup de gentillesse.

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