PAR JEAN-MICHEL VAILLANT
La semaine dernière à Sains-du-Nord, les sondages effectués par des agents de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), dans le cadre d'un projet immobilier, ont révélé bien des surprises.
« Dès les premiers coups de pelle (mécanique), on est tombé sur un mur » explique Pascal Néaud qui gratte et examine avec deux collègues, des tranchées linéaires creusées sur 70 cm de profondeur, afin de couvrir 10 % de la superficie totale. » Et ce, pour voir « si cela est stratifié ». Sur le terrain situé derrière le presbytère, l'opération entreprise est actuellement au diagnostic. « C'est pour cela qu'il faut se limiter » poursuit l'archéologue breton car « en ouvrant, on dégrade les vestiges » (...) « Ça les protège d'être enfermés dans la terre ». Les murs découverts sont en pierre bleue et les moellons bien taillés le savoir-faire indéniable avec « du matériel céramique et une belle maçonnerie. » Le spécialiste va bien plus loin, même si, comme il le dit : « on n'est jamais sûr ». Les Romains avaient tout programmé et c'était bien quadrillé : « entre deux bâtiments, il y a une voie. » Mais pour avoir une partie du plan et une direction, « il faut faire une fenêtre ». Dans cette zone qui couvre environ un hectare, « il pourrait y avoir trois bâtiments dont un assez énorme. » Le diagnostic est encourageant le maire Christine Basquin, qui suit avec intérêt le chantier, est ravie. De nouvelles perspectives s'ouvrent à Sains-du-Nord ?
Dans l'immédiat, il faut mettre les vestiges à l'abri de l'air et « on rebouche tout de suite » poursuit l'archéologue qui devra adresser son rapport à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC). Puis, une commission aura à se déterminer pour donner son éventuel feu vert.
En cas de réponse positive, des fouilles pourraient être entreprises, dans le meilleur des cas, dans un an.
En 2010 alors, tout pourrait être enlevé, ce qui représente un très gros cubage, « mais on comprend mieux quand tout est dégagé ».
En octobre 1995...
Les connaissances sur Sains antique étaient jusqu'alors limitées à des trouvailles fortuites et aux observations faites dans les années 1980. En octobre 1995, lors de la première campagne de fouilles sur le site du « Moulin à Vent », les archéologues avaient découvert un puits de même que deux fours de potiers ce qui prouvait que la production d'objets en terre était importante.
L'exploration de l'année suivante en été, d'une surface d'environ 3 000 m², permit de découvrir une rue empierrée bordée de bâtiments comportant des structures artisanales dont des fours. Granges, lieux de stockage, petits ateliers, rue pavée : ce semblant d'urbanisme laissait à penser qu'il s'agit bien d'un village et non d'une grosse ferme.